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Sur la Piste des Cendres

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Ry Harlorck
Bore Aramanth
Esnesuyo
Narrateur
8 participants

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Rappel du premier message :

Sur la Piste des Cendres - Page 2 Rp110

Le message avait été transmit depuis une station spatiale dénommée Hay Bay. Cette station était un carrefour clef dans le système stellaire, elle permettait de ravitailler de nombreux vaisseaux et notamment des bâtiments de l'Empire. C'était ici que se déroulaient de nombreux évènements politiques, et l'on pouvait comparer Hay Bay à une agglomération spatiale recueillant de nombreuses ethnies, cités et villes de diverses orientations.

Vous étiez justement proche de cette Station, et vous affairiez à vos occupations, lorsque la transmission officielle d'un colonel de l'armée impériale apparut sur votre pad de projection holographique.

- Ici le Curuzader, disait-il, l'espace de Hay Bay a été déclaré zone de quarantaine par les autorités du Cercle, tout individu à proximité du Curuzader a pour ordre de s’affréter aux hangars de notre bâtiment et de rejoindre le pont supérieur pour un briefing de la situation.

Il se trouve que, étrangement, vous étiez le pilote de l'un de ces vaisseaux à proximité du grand croiseur impérial. Des données sur les manœuvres d'accostage vous furent transmises. Depuis votre cockpit, vous pouviez voir les immenses baies métalliques des hangars s'ouvrir pour laisser entrer quelques dizaines de vaisseaux spatiaux. L'on vous ouvrit la voix pour l'un des hangar, en attendant votre manœuvre.

Dernière édition par Narrateur le Mer 18 Déc 2013, 09:28, édité 1 fois

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    Le vaisseau, déjà sombre de par sa couleur grise presque noire, semblait presque inhabité, si ce n'était la cabine de pilotage éclairée. C'était la demande constante de sa propriétaire. L'Oriental Storm devait se fondre dans la nuit, devenir celle-ci. Dans le couloir principal, une silhouette avançait d'un pas lent, mais sûr de lui. Sa longue et ample tunique blanche, taillée dans un tissu léger et aérien, lui donnait un air fantomatique. La jeune femme trahissait son sexe par sa silhouette frêle, et par sa longue chevelure dorée qui flottait jusqu'au milieu de son dos. Ses mains caressaient les parois du vaisseau. Par plaisir, pour sentir le froid des murs sans vie. Mais aussi pour se repérer, car ses yeux laiteux ne voyaient pas. Rien. Et c'est pour cela qu'elle avait exigé que l'endroit soit plongé dans le noir. La lumière extérieure était souvent bien trop forte, bien trop blanche, et elle avait besoin du noir pour reposer ses yeux et son esprit.

    Gaema l'avait appelée au cockpit. Il était rare que la pilote l'appelle, surtout dans cet endroit où elle n'était utile en rien. Souvent, elles se retrouvaient dans la salle à manger, pour discuter de cartographie. La pilote lui demandait où elle voulait aller, et lui expliquait leur itinéraire, détaillant les planètes et leurs lunes, pour qu'Esoan puisse visualiser les différents mondes. Mais cette fois-ci, elle avait senti l'inquiétude dans la voix de sa partenaire, la situation n'était pas claire, et surtout n'était pas habituelle. Trouvant l'interrupteur, elle appuya, et la porte la lumière envahit son esprit.

    - Gaema ? Que se passe-t-il ?

    - Ah Esoan, te voilà ! Je voulais te prévenir que nous allons être obligée de faire un petit arrêt inopiné, j'ai reçu une transmission...

    - Fais le moi écouter.

    Sans même répondre, Gaema fit claquer quelques boutons, et la Vénusienne ferma les paupières, pour concentrer toute son attention sur les mots qui emplissaient le cockpit. « Ici le Curuzader, disait-il, l'espace de Hay Bay a été déclaré zone de quarantaine par les autorités du Cercle, tout individu à proximité du Curuzader a pour ordre de s’affréter aux hangars de notre bâtiment et de rejoindre le pont supérieur pour un briefing de la situation. » Esoan soupira. Elle n'avait pas vraiment envie de faire escale, mais il était bien clair dans la transmission qu'elles étaient obligée de s'arrêter. De ce fait, elle fit un signe de tête au pilote, et Gaema prit la direction des hangars du Curuzader, et s'y posa en douceur. Et ensemble elles se dirigèrent vers les ponts supérieurs.


    Réunies avec les autres sur le pont, elle écoutait avec attention les conversations des uns et des autres. Ne pas posséder la vue lui permettait de développer d'autres sens, et l'ouïe en faisait partie. Ils croisaient la trajectoire de Jihivia. Drôle de coïncidence. Bien sûr, elle avait entendu parler de ces populations. Et surtout leur Dieu. Mais elle refusait d'en entendre parler et de penser ne serai-ce qu'à son nom, c'était contraire au Décalogue. Tant mieux s'ils étaient sous blocus.

    Mais alors qu'elle allait se tourner vers Gaema pour lui expliquer ce qu'il se passait, un bruit retentissant éclata au dessus d'elle. Instinctivement, elle s'accroupit, pour se protéger du danger. La brèche dans le dôme vitré semblait créer une rafale de vent, ce qu'il n'était pas tout à fait possible, si ce n'était une dépressurisation brutale du pont. Ce qu'elle n'avait pas anticipé, c'était le mouvement de foule. La panique qui avait envahi les gens. Et celle qui l'avait envahi elle.

    Elle était porteuse de la psyché télépathique, et de ce fait elle était ouverte au monde de l'esprit. Et lorsqu'elle ne le maîtrisait pas, elle vivait un véritable calvaire. Et soudain, sous l'effet de la panique, sous l'effet du mouvement, elle ne put plus retenir les gonds de la porte qui la fermait aux autres. Son esprit fut assailli de toute part, et elle plaqua ses mains sur ses tempes, comme pour les empêcher d'entrer. Vain stratagème. Sa tête bourdonnait, et ses genoux ne la portaient plus. Le pont se vidait petit à petit, les civils envoyés vers les navettes d'évacuations. Mais elle ne bougeait pas. D'abord parce qu'elle en était incapable, envahie de pensées et de sentiments qui n'étaient pas les siens, comme lorsqu'elle était petite.

    Les canons commençaient à cracher leur poison mortel, elle entendait, et elle ressentait les vibrations du vaisseau à chaque coup qui partait. Mais dans tout ce brouhaha, elle entendait des voix. Des voix douces, suaves, plus délicates. Comme si des gens tentaient de communiquer.

    Une larme chaude roula sur sa joue. Les canons se turent. Et elle resta là. Envahie par les voix.

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Hay Bay. Assemblage de métaux, bardé de câblages et d'appareils assurant la filtration de l'air, de l'eau... Lumière artificielle destinée à simuler le jour et la nuit, gravité recréée grâce à des générateurs de pesanteur, tout n'était qu'un simulacre de la vie sur une planète. Une station comme beaucoup d'autres dans l'univers, mais celle-ci était spéciale. Énorme, gigantesque, peuplée de gens de tous horizons et de races diverses. Personne ne regardait personne. Pas le temps, et d'ailleurs personne n'avait besoin de regarder qui que ce soit, simplement parce que chacun menait la même existence que les autres, entre ces parois froides. À quoi servirait de dévisager autrui, dans un tel lieu fait de manière si invraisemblable, habité par des êtres plus différents les uns des autres ?

C'était sans doute pour cela qu'il se sentait bien dans un endroit comme Hay Bay. Ici, il passait inaperçu, pas comme dans ces quartiers planétaires, où on le regardait comme une bête de foire. Moscyork avait beau se targuer de son caractère cosmopolite, personne n'était dupe. Les différences existaient, particulièrement aux yeux de ceux qui se sentaient supérieurs.

Victor arpentait les allées de la station. Qu'était-il venu faire ici, si loin de ce monde qu'il n'avait quitté qu'à de rarissimes occasions, Armars ? Il se le demandait encore. Parfois, son libre-arbitre lui jouait quelque tour pendable, lui soufflant des idées parfois farfelues. Cette fois, pourquoi ne pas prendre un vol régulier et visiter cette fameuse Hay Bay ? Et le voilà qui s'était embarqué sur un des paquebots stellaires qui faisaient la liaison entre la station et les mondes impériaux.

Un touriste, voilà ce qu'il était. Il flânait, il visitait, entrait dans une boutique pour la quitter après quelques minutes, se rendait dans un parc pour observer comme les concepteurs des lieux avaient réussi à intégrer des espèces vivantes, tant végétales qu'animales, dans un élément entièrement fait de matière inerte. Il fallait le reconnaitre, parfois, les Humains savaient se montrer capables de véritables prouesses. Ces quelques jours passés ici lui avaient fait du bien. Et maintenant il traînait une dernière fois dans les quartiers qui bordaient l'un des innombrables terminaux d'embarquement. Son vol retour était dans quelques minutes, et il était temps de se diriger vers les portes.

Victor se laissa entraîner dans le flot des gens qui allaient, comme lui, prendre l'un des appareils en partance. Il arriva au guichet, où une hôtesse lui demanda son billet. Victor le sortit de la poche de sa veste et le présenta. Au moment où ses doigt et ceux de l'hôtesses se frôlèrent, ses capteurs neuraux lui firent sentir une surcharge d'électricité statique, que ses systèmes identifièrent sans mal. C'était le signe caractéristique que pouvaient ressentir deux Robots quand ils se touchaient. Cette hôtesse était donc une Synthétique, comme lui. Mais un modèle récent. 4-Echo, lui, était bien plus ancien, et ne pouvait que reconnaître que les modèles de maintenant étaient parfaitement réalisés. Jamais il n'aurait pu la distinguer d'une humaine, s'ils ne s'étaient effleurés. L'hôtesse lui sourit, elle l'avait identifié, comme il venait de le faire pour elle. Nul doute qu'elle l'avait déjà catégorisé en le voyant. Elle passa la carte dans son ordinateur, pianota à une vitesse impressionnantes sur un clavier holographique, et la carte ressortit pour être rendue au voyageur.

« Vous voilà enregistré, Monsieur. Bon voyage à bord de notre appareil.
Merci. Bonne journée. »
Victor se dirigea vers la passerelle, qui le mènerait vers le vaisseau, direction Armars.


Le voyage n'avait rien de véritablement exceptionnel. Quelques heures de vol tout au plus. Mais alors que l'appareil vibrait à peine, signe qu'il allait passer en vitesse de croisière vers sa destination, tout s'arrêta. Plus de vibration. La procédure de saut avait été annulée. Les passagers Organiques ne s'étaient aperçu de rien, mais ça n'avait pas échappé aux Robots à bord.
Une communication fut retransmise dans les coursives et les halls, à travers tout le bâtiment.

« Ici le Curuzader. L'espace de Hay Bay a été déclaré zone de quarantaine par les autorités du Cercle, tout individu à proximité du Curuzader a pour ordre de s’affréter aux hangars de notre bâtiment et de rejoindre le pont supérieur pour un briefing de la situation. »
Décision militaire, l'équipage ne pouvait que se plier aux directives. L'appareil de tourisme fut donc dérouté pour se soumettre aux consignes. Les voyageurs, mécontents de ce contretemps, râlaient. Le personnel navigant se mit à leur disposition pour toute information, mais tout le monde pouvait s'apercevoir qu'ils n'en savaient pas davantage. Il faudrait attendre.

Le bâtiment ralentit. Victor pouvait le ressentir. Un message, du Capitaine celui-là, annonça la procédure d'arrimage. Ils seraient reliés au Curuzader jusqu'à nouvel ordre. Cela signifiait que les passagers seraient parqués comme du bétail, sans possibilité d'obtenir la moindre information. Il faudrait prendre son mal en patience.

Et que ne furent-ils surpris. De longues minutes d'attente, interminables, pour finalement... Des sensations et des sons tout à faits incongrus à bord d'un paquebot stellaire. Une collision ? Non, alors quoi ? Des coups de canons. Le Curuzader, et donc tous les appareils sous son autorité, se trouvaient en zone de conflit. Panique chez les touristes. Victor gardait son calme olympien. Il ne pouvait céder à la panique, c'était physiologiquement impossible pour lui. Il se dirigea vers le pont inférieur, où se trouvait le sas d'arrimage. C'était là qu'il pourrait se renseigner.

Effectivement, le sas était fermé, mais il était aussi gardé. Des gardes en armes, ne faisant visiblement pas partie de l'équipage du paquebot. C'étaient les hommes du Curuzader. Victor s'approcha tranquillement et leur parla d'un ton posé et paisible.

« Bonjour messieurs. Je voulais simplement savoir quelle était la situation. J'ai détecté des vibrations compatibles avec des tirs de canon, et comme vous devez vous en douter, ceci provoque un pic de stress chez les passagers organiques, sensibles aux événements de ce type. Sommes-nous dans quelque sorte de situation dangereuse ? »

descriptionSur la Piste des Cendres - Page 2 EmptyRe: Sur la Piste des Cendres

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Voilà des centaines d'années que l'Empire ou un membre du Système civilisé n'avait communiqué avec les Jivihians. Récemment, une expédition des Hysts avait tenté de réaliser ce contact mais avait rapidement été arrêtée par les autorités du Triumvirat. Les Hysts n'avaient non seulement rien à faire en dehors de leur territoire, mais en plus de cela risquaient de bouleverser un équilibre instable et fragile. Les seuls individus ayant été en contact avec les Jivihian étaient des envoyés diplomatiques. Ils en étaient revenus écervelés, littéralement, sans cerveau.

Leurs esprits avaient été remplacés par de la chaire atrophiée, qui s'était transformée en furoncle et avait déversé des spores sur les scientifiques qui les étudiaient. Ces derniers avaient alors été atteints de cécité, eurent des hallucinations jusqu'à la fin de leur vie, se crevèrent les yeux avec des objets pointus ou se suicidèrent de manières atroces et inimaginables. L'un d'eux s'était ouvert le ventre et avait déployé ses boyaux autour de son cou avant de succomber à ses blessures. Et cette histoire, tout le monde la connaissait, car c'était une histoire que l'on racontait aux enfants pour leur inculquer la peur des jivihiens.

Même si certains pensaient qu'il s'agissait de légendes, la vérité était bien plus difficile à admettre pour ceux qui avaient lus les rapports militaires de cette précédente rencontre. Ainsi, lorsque l'Ordonnateur voulu rencontrer les dirigeants sur le Curuzader, on essaya de ne pas trop s'atteler à suivre cet ordre. L'un des officiers de bord suggéra d'ailleurs que l'on envoie plutôt une expédition sur la lune, afin de suivre la stratégie de "Frapper d'abord, poser les questions après". Il ajouta :

- Monseigneur, je pense même que nous devrions faire appel aux civils. Nul doute qu'il doit y avoir à bord des synthétiques, ou des vahiques. Les uns insensibles aux pouvoirs jivihiens, les autres plus forts que les individus normaux, nous pourrions les lier avec notre expédition afin de nous rendre sur place. Je pense qu'il serait même préférable que vous soyez le responsable du groupe et alliez recruter vous même ces personnes. Un message diffusé sur l'interphone devrait suffire... Et puis, lorsqu'il s'agit de lancer une Expédition[1] prestigieuse pour l'Empire, nul doute que l'on devrait trouver réponse à nos demandes.

***

- Circule le synthétique ! Les organiques, comme tu le dis, sont en train d'essayer de régler une crise politico-religieuse. Il y a des compartiments alloués aux civils afin de ne pas perturber l'ordre militaire du bâtiment. Si tu veux plus d'informations, tu n'as qu'à aller demander aux Quartier Maîtres. Maintenant circule ! Je ne veux plus te voir dans cette zone du navire ! ... Ces satanés synthétique et leur détachement à toute réalité, je me demande ce qui nous a mené à les créer.

4-Echo n'était pas tombé sur le meilleur des informateur. Un Meillor, à la morphologie habituelle, tenant une posture de gradé, qui faisait valoir sa supériorité, quoi de plus banal ? Il valait mieux ne pas rester dans cette zone. Ce n'est que quelques couloirs plus tard qu'il arriva dans une salle bombée de monde. A en juger par la composition générale de l'atmosphère, et les teintes des gens, il y avait là quelques sapiens (Esnesuyo), des dirigeants politiques (Ry et Bore), ainsi que de nombreux autres individus apparemment dans les standards de l'Empire (John).

Tous étaient tournés vers les écrans, certains criaient des sons dans une langue étrangère, tandis que d'autres se tiraient les cheveux. Un homme était en pleine altercation avec un responsable du pont et cherchait apparemment à ouvrir une porte. Face au refus du chef, ce dernier s'énervait de plus belle et était rejoint par d'autres encore. Sur les écrans, on pouvait apercevoir le pont supérieur, surmonté d'un dôme, au milieu duquel gisait une silhouette féminine. Et la dispute reprenait de plus belle :

- Dans quelques minutes elle va manquer d'oxygène ! Ouvrez cette porte immédiatement ou je vous jure que je vous fracasse la tête avec ce qui me passera sous la main !

- Je vous dis que nous ne pouvons pas risquer d'être en contact avec le vide spatial ! La coque du vaisseau nous protège des émissions télépathiques des jivihiens, si nous ouvrons cette porte, nous serons exposés à leurs esprits tentaculaires et risquons de sombrer dans le néant ! D'ailleurs, elle est déjà en train de se faire parasiter !

- Espèce d'abruti d'impérial ! Si elle suffoque, c'est qu'elle manque d'air ! Je vais te me le fracasser, quel empaffé ! Retenez-moi ou je vais faire un malheur ! Ouvrez cette porte par Jivih, elle meurt !


Informations :

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Victor arrivait à point nommé, si l'on en croyait l'analyse de la situation faite par son cerveau positronique. Les personnes présentes se disputaient sur la possibilité ou non d'aller secourir une femme, dans la pièce voisine. Il était question d'une position dangereuse, entre le vide spatial et les attaques psy des Jivihiens. Deux choses auxquelles un Synthétique était parfaitement insensible. 4-Echo pouvait se montrer utile, donc.

« Ouvrez. Je vais aller la chercher. »
Les deux hommes lancèrent au Robot un regard incrédule. Ils n'avaient pas l'air de saisir toute la portée des mots de Victor. Il dut donc leur expliquer. Ces Organiques...
« Elle étouffe, vous l'avez dit. Personne d'autre ici ne peut y aller sans risquer sa vie. Moi, je le peux. Ni le manque d'air, ni les ondes psychiques ne peuvent me nuire. Je suis sa seule chance de survie. Je vais aller la chercher. »
Évidemment, il y avait un hic. Il faudrait ouvrir la porte, seule barrière entre les esprits jivihiens et leurs potentielles victimes. Cela présentait un risque, un risque à prendre s'il fallait sauver une vie.
« Ouvrez ! Pas le temps de réfléchir ! Je suis le seul à pouvoir la sauver, ici. Il n'y a pas d'autre solution. Ouvrez, et refermez derrière moi. »
Finalement, les Humains finirent par se rendre à l'évidence et déverrouillèrent la porte pour l'entrebâiller. Victor se glissa dans l'ouverture, et la porte claqua derrière lui.

La dépressurisation avait dévasté le pont. Par chance, la procédure du système dans un tel cas était une isolation à l'aide de panneaux étanches qui se déployaient automatiquement, ou la compensation de la disparition de la pression par une marche forcée des générateurs de gravité. En d'autres mots, la femme ne risquait pas d'être aspirée dans l'espace. Elle ne risquait pas non plus de pouvoir bouger seule, plaquée au sol par la gravité artificielle bien plus importante que la normale.
Victor, en revanche, n'éprouvait pas de difficulté pour se déplacer. Il pouvait marcher sans souci, comme si de rien n'était. Il se déplaçait dans cet endroit ravagé, comme un promeneur au milieu d'un champs de bataille. Surréaliste. Il atteignit l'Humaine assez rapidement. Elle était encore vivante, mais il fallait faire vite. Elle semblait dans une sorte d'état second. Le Synthétique souleva la femme pour la porter dans ses bras. Il examina rapidement les lieux pour trouver une issue proche, mais le plus simple était encore de revenir sur ses pas. Il n'attendit pas plus longtemps et s'élança aussi vite qu'il le put. Aucune fatigue, aucun effet du manque d'oxygène, aucun désagrément dû aux attaques télépathiques. Son organisme était parfaitement insensible à l'environnement qui semblait ronger celui de la femme qui convulsait dans ses bras.

La porte était proche. Elle serait bientôt hors de danger.

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    Etendue sur le dos, Esoan était en position de croix. Les bras étendus, perpendiculaires à son corps de chaque côté, son torse décollé du sol, et agité de soubresauts. Elle était soumise à deux phénomènes, bien distinct l'un de l'autre. Le premier était physique, le deuxième psychique. Et les deux risquaient de la laisser sur le carreau. Et pourtant, elle n'en détectait qu'un seul.

    Le premier, physique, était le manque d'oxygène, qui s'accentuait à chaque seconde qui passait. Sa bouche grande ouverte trahissait ses tentatives inconscientes de récupérer le peu d'oxygène qui restait à sa disposition, ses yeux, déjà trop clairs, se révulsaient, signe qu'elle était proche de l'inconscience. La douleur était immense, mais elle avait la chance d'être perdue dans les limbes de son esprit, et ne ressentait donc pas la brûlure cuisante de ses poumons réclamant d'être gonflés d'air pur, ni sa trachée qui se resserrait jusqu'à ne devenir qu'un étroit corridor accolé à son œsophage. Enfin, elle n'entendait pas les lourds et rapides battements de son cœur, comme un appel au secours, comme si il tentait de s'échapper de sa poitrine, et voulait aller vivre sa propre vie, là où elle ne le laisserait pas souffrir de la sorte.

    Mais le deuxième phénomène était celui qui la monopolisait pour l'instant. La Vénusienne était entrée en transe. Libérée des pensées des occupants de la station, coupée d'eux par les lourdes portes, son esprit n'était plus qu'ouvert à ceux de l'extérieur. Et même si leur volume avait diminué depuis que les canons avaient craché leur haine, ils ne cessaient de la harceler. Enfin elle ne savait pas s'il s'agissait d'eux, où si c'était seulement son esprit qui cherchait a capter quelque chose auquel se rattacher pour oublier que son corps la lâchait. En fait son esprit avait toujours été plus fort que son corps, et si lui décidait de lâcher, elle ne pourrait pas tenir. Elle n'entendit qu'un seul mot, qi resta gravé dans son esprit.

    Délicatement, elle se sentie soulevée, par des bras solides, mais délicats. Rien d'humain là dedans. Sa peau, peut-être, mais il l'avait soulevée avec bien trop de facilité. Maintenant, elle se savait en sécurité. Elle savait qu'elle allait être sauvée. De ses lèvres entrouvertes s'échappa un murmure. Ce n'était pas un merci, ce n'était pas un au revoir. En réalité, ce mot n'était même pas adressé à son sauveur, il était lancé dans l'air ambiant, comme une réminiscence.

    - Jivih...

    En un mot, prononcé sans aucune conscience de son acte, elle venait de rompre le serment qu'elle avait fait envers le décalogue Cercliste. Elle avait osé prononcé le nom de l'impur.

    Dans les bras de son sauveur, elle s'abandonna, sombrant dans l'inconscience pour mettre en veille ses organes vitaux et ainsi se préserver jusqu'à ce qu'elle puisse regoûter à l'oxygène.

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Ayant finalement réussi à arracher les informations à grand-peine à un mécanicien du coin, Isaac savait maintenant à peu près ou il était et ou il devait aller selon le message automatique reçu sur le Therion. Pas vraiment la porte à côté m'enfin bon, pas le choix non plus. Direction le pont supérieur. La station était vraiment immense pas de doute là-dessus, presque une colonie spatiale en fait, mais surement bien armée pour se défendre.

Puis alors qu'il montait vers le pont supérieur, un éclat attira son attention sur le vide de l'espace. Les Jivihians semblaient attaquer, ce à quoi un gros vaisseau répondit par un bombardement orbital de masse. Debout et immobile devant le verre blindé, il observa incrédule la destruction aveugle et enragée de centaines, voire milliers de vies. Son casque se rétracta, laissant transparaître son visage horrifié et sous le choc. Ce carnage n'avait pas le moindre sens bon sang.

Puis la colère laissa place à l'émotion, et n'en pouvant plus il s'adossa par terre, essayant de considérer ce qu'il venait de voir, le chaos que cela allait générer. Impossible d'appréhender pareil massacre sans rien ressentir. Il eut une pensée silencieuse pour toutes les pauvres personnes mortes ici. En titubant il se releva et continua son chemin. Il arriva enfin aux ponts supérieurs ou c'était à priori déjà le chaos, l'une des baies vitrées ayant pris des tirs au point d'être ouverte au vide.

Il vit alors un petit groupe d'individus parler vivement, semblant reprocher en partie quelque chose à l'un d'eux tandis que d'autres s'affairaient à tenter de réanimer une silhouette féminine et qu'il reconnut instantanément comme étant une Evolutio. Un homme était penché sur elle, et il se demandait si c'en était vraiment un ou pas, impossible à dire avec les Androides s'ils en étaient ou non. Il se mêla à la conversation et s'accroupit à côté de l'homme (?) et son casque se rétracta de nouveau, laissant voir son visage pour tous ceux présents.


Qu'est-ce qui lui est arrivé? Besoin d'aide peut-être?

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Victor avait déposé la femme au sol, et la porte avait été refermée. Elle était sauve. Les autres, qui se chamaillaient tout à l'heure, se rapprochèrent pour prendre des nouvelles de la victime.

Le Synthétique n'avait qu'à la regarder pour savoir ce qui était nécessaire. Tous les Humains se ressemblaient de loin, mais un œil robotique savait parfaitement faire la différence. Elle était une des Evolutio. Le sens de l'Observation des Synthétiques était reconnu comme fiable et développé, et Victor en fit usage. Ses capteurs thermiques sentaient qu'elle se réchauffait lentement, et il suffisait de regarder sa poitrine se soulever et retomber pour constater qu'elle respirait. Les vaisseaux sanguins, à son cou et à ses tempes, battaient au rythme soutenu de son cœur, qui pompait pour oxygéner au plus vite les tissus qui avaient été privé trop longtemps du gaz vital à cette espèce. Espèce fragile, bien qu'intelligente au-delà de bien d'autres. Au-delà de toutes les autres.
Son teint perdait sa teinte bleutée, causée par l'asphyxie, et reprenait sa couleur d'albâtre d'origine. Tout semblait rentrer dans l'ordre, mais l'Evolutio restait inconsciente.

Un homme en armure arriva. Au moment où son casque s'ouvrit, découvrant son visage, Victor l'identifia à son tour. Sa haute stature, sa carrure et son visage parfait ne mentaient pas, pas plus que son regard froid et pourtant rempli d'intelligence. Un Meillor. Décidément, tous les stades de l'évolution des Humains étaient représentés ici. Il s'enquit de l'état de santé de la femme.

« Elle va bien. Elle était sous le dôme, j'ai du aller la chercher. Elle respire, et ses signes vitaux s'améliorent. Mais elle semble... hors-circuit. Elle a du subir un autre mal que le manque d'oxygène. Elle a prononcé un mot avant de sombrer : Jivih.
Les vagues psychiques des jivihiens ont du la choquer. Malheureusement je ne peux pas l'aider plus que je ne l'ai déjà fait. Je pense qu'il lui faut un peu de temps pour se remettre.

Et puisque nous sommes coincés ici, pour le moment, je propose que nous passions aux présentations...
»
Le Robot se redressa et tendit une main ferme mais contrôlée au Meillor.
« Victor, quatrième série de la génération Echo. Mais je préfère juste Victor. »
Sa programmation obligeait Victor à décliner sa série, mais son Libre-arbitre lui soufflait de taire le nom de la firme qui l'avait produit. Même si cela faisait près de 600 ans et que les probabilités d'être reconnu étaient infimes, il préférait la prudence. Après tout, c'était comme cela qu'il avait survécu toutes ces années.

En tâche de fond, son cerveau positronique effectuait un travail d'analyse. Il mémorisait chaque visage, se préparait à les associer aux noms correspondant et à en dresser une fiche signalétique précise. Race, signalement, taille, poids estimé, fonction, capacités, tout serait listé au fur et à mesure. Victor sentait que vu la situation, cela pourrait être utile. Il se rendait compte petit à petit qu'il était en présence d'une grande part d'Organiques, tous sensibles aux capacités télépathiques des Jivihiens. Les quelques Robots présents n'apparaissaient pas enclins à l'action, certainement encore bridés par les Lois. Quelle perte de temps. Ils étaient là, immobiles, à faire l'analyse du pour et du contre. Agir pour sauver les passager, agir pour sauver leur propre existence, ne pas nuire aux Organiques ce faisant, ou ne rien faire pour les mêmes objectifs. Tout cela semblait dépasser leurs capacités de réflexion, et donc les clouait sur place. Au moins 4-Echo bénéficiait de cela : son bug, appelé Libre-arbitre, lui donnait ce pouvoir de ne pas respecter les Lois, ou de choisir une action appropriée même si elle entrait en conflit avec l'une des conditions. C'était ce qu'on appelait chez les Organiques "prendre des risques".
Après ce court travail de traitement de données, Victor se rendit compte de ce qui aurait dû le frapper plus tôt : il était l'un de ceux qui serait utile à la petite communauté, de par sa nature de Robot.

C'était assez rare pour être noté.

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Un Robot donc, comme il le soupçonnait sans en être sur. Ma foi cela ne lui posait pas de problème, le synthétique avait le droit d'exister et de faire comme il lui plaisait, Isaac n'était pas le genre à se plaindre pour des histoires de races inférieures ou non-organiques, contrairement à pas mal de ses compatriotes.

On n'en aurait pas dit autant de l'Evolutio qui ne semblait pas franchement en bon état, encore dans le gaz, probablement le contrecoup psychique comme l'appelait ainsi l'Androide. Il n'avait jamais été très au fait de ce genre de choses personnellement donc ne pouvait pas vraiment comprendre ni même savoir comment aider. Autant la surveiller et la laisser souffler un peu. Cela dit ça ne lui disait rien qui vaille, si les Jivihians pouvaient faire ainsi du mal à une Evolutio, il ne donnait pas cher de leur peau.


Eh ben, espérons qu'on a de quoi se protéger contre leurs attaques psychiques sinon ça va pas être très amusant... Bon, éloignons-la du coin, plus elle sera loin de cette vitre, moins on risquera de la voir rechuter, vous m'aidez à la poser ailleurs?

Il prit un des bras de la jeune femme qu'il enroula sur son cou pour la soutenir tandis que l'Androide en faisait de même avec l'autres bras. Elle semblait commencer à émerger, bonne nouvelle donc. Dehors ça commençait à se calmer semble-t-il, ce dont il n'allait pas se plaindre personnellement.

Là, calmez-vous et détendez-vous, le pire est passé à priori. Il tourna la tête brièvement vers le Robot. Isaac Johnson, ingénieur, pour vous servir ami Victor. J'ai l'impression qu'avec tout ce bordel on va devoir apprendre à se connaître un peu dans les prochaines heures.

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- Bien joué les gars !

Un tonnerre d'applaudissement accueilli le héros. La salle se remplissait peu à peu de nouveaux civils et devenait invivable. L'équipage ne parvenait plus à contrôler l'euphorie générale. Les gens avaient peur, ils voulaient partir, ils voulaient mettre fin à ce cauchemar. D'abord la mise en quarantaine sans explications, puis les jivihiens, et maintenant le bombardement... Une jeune femme sauvée apportait un peu de réconfort dans l'attente désespérée d'une situation dénouée. Mais elle n'arriva jamais.

Alors. Lorsqu'ils en eurent assez d'attendre, ils quittèrent par eux même le navire. Ce furent d'abord les commanditaires d'autres factions qui quittèrent le bâtiment, créant un mouvement de panique, on craignait que l'on s'attaqua à leurs vaisseaux en fuite. Puis se furent de riches et éminents personnages qui mirent les voiles. Pour finir, des civils chanceux et autres marchands pressés et fortunés s’empressèrent de payer des pots de vin pour échapper aux mailles du filet. Bientôt, le navire du Curuzader était vidé de la moitié de son équipage temporaire.

Personne ne voulait rester là. Ils préféraient quitter le navire, risquer de perdre la raison et devenir fou, plutôt que d'être dans le même navire que l'Ordonnator. Par peur ? Par lassitude ? Peu importe, il valait mieux ne pas rester là...

- Bon, ça suffit ! J'en ai assez de me tourner les pouces, j'ai d'autres primas à fouetter. Les amis, j'ai un cargo de classe T'Prime, que diriez-vous de venir avec moi, et de fiche le camp d'ici. Quitte à être près de Jivihia, autant l'être en bonne compagnie. Même si on ne peut pas quitter la station de Hay Bay, on peut au moins s'échapper de ce fichu vaisseau. Il a beau être immense, tout le monde se fiche pas mal d'être à son bord.

Je connais un bar sympa près du Corridor C77, dans l'artère de Gau, ils servent de bons frappés, et des Russiens Blancs à vous décoller le palais ! Allez !


Ni une, ni deux, l'homme emmena avec lui une foule d'intéressés. L'éther avait ça de magnifique qu'il faisait bouger une foule, et soulevait des marrées. Les cargos de classe T'Prime, en outre, pouvaient accueillir près de 300 individus dans des sièges confortables, un navire de voyage assez courant dans le système, notamment pour les compagnies spatiales. Nos aventuriers se risqueraient-ils à partir sur Hay Bay contredisant les ordres donnés par l'Empire ? Où resteraient-il dans le Curusader à attendre la suite des événements ? Et pendant ce temps, le quartier maître poursuivait ses invectives :

- Bande d'anarchistes ! Il est interdit de quitter le bâtiment ! Restez ici tant que nous n'avons pas plus d'informations ! Arrêtez ! Revenez, fous que vous êtes ! La station Hay Bay ne vous acceptera même pas, vous serez neutralisés par les tirs ioniques de... Arrêtez !

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Victor regardait la scène d'un œil circonspect. Dans de telles situations, les cas d'hystérie collective étaient monnaie courante. Dans le cas présent, il s'agissait de cela, dans une mesure particulière, car bon nombre des êtres présents s'étaient empressés de suivre l'homme qui venait de proposer une incursion dans la station. Hay Bay était gigantesque, et il était peu probable qu'une fois noyés dans les méandres des rues et des coursives, ces gens ne se fassent rattraper. Ils étaient bien trop nombreux, d'ailleurs, pour être pistés efficacement. En revanche, la difficulté pour eux serait d'entrer. Lors des procédures de quarantaines, et Victor en avait vécu quelques unes en 600 ans pour le savoir, de nombreux dispositifs de sécurité exceptionnels étaient déployés. On parla de tirs ioniques, et ce fut tout ce dont il avait besoin pour conforter son avis : il valait mieux pour lui de rester ici. Il voulait attendre que la femme qu'il avait ramené du Dôme revienne à elle. C'était la moindre des chose que de voir si tout irait bien pour elle, après tout. Et la perspective de se voir désactivé par des tirs ioniques ne l'enchantait pas particulièrement. Il s'adressa à Isaac Johnson, le Meillor, pour lui donner son avis.

« Je pense qu'il faut rester ici. Au moins nous sommes à l'abri des vagues télépathiques, pour le moment. Et elle ne peut pas aller loin, de toute manière. Attendons de voir comment tout cela va évoluer, il sera toujours temps de se décider ensuite.

D'ailleurs, s'il était besoin, le Curuzader pourrait tout à fait rompre l'amarrage et quitter la zone, si les Jivihiens devaient relancer l'assaut. Hay Bay, elle, restera sur place, et nous avec.
»
4-Echo espérait que le Meillor partagerait ce point de vue. Ils ne pouvaient de toute façon pas aller se promener dans la station avec cette Evolutio évanouie. Et d'ailleurs, si Isaac Johnson essayait de le faire, il devrait d'abord se débarrasser d'un Synthétique. Victor pouvait ne pas se soumettre aux Lois, mais il avait décidé d'en respecter une partie. Préserver les Vivants. Et la femme étendue par terre près de lui l'était, vivante.

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Le jeune Sapiens, mettant fin momentanément à la transmission avec l'Imperator et après avoir entendu la petite conversation entre le Meillor et le Robot, s’approchait de leur petit groupe.
- Je pense que vous faites le bon choix. Il nous est préférable de rester dans le Curuzader si nous tenons à nos vies. En effet, nous avons la « chance » d’avoir la présence de l’Ordonnateur avec nous et qui dit Ordonnateur présent dans un bâtiment dit sécurité optimale dans celui-ci.
Les deux hommes s’étaient retournés vers lui et l’observait d’un œil interrogateur.
Excusez-moi, j’ai oublié de me présenter, je suis Esnesuyo et j’viens d’Hermeus. Tout comme vous, j’ai été forcé de cesser toutes mes « affaires » et me voilà bloqué avec vous pour une durée indéterminée.
Il sortit son Holotransmetteur de sa poche et le brandit devant eux.
J’ai, également par pur hasard, pu être mis en contact avec l’Imperator grâce au réseau interplanétaire. Je l’ai mis au courant de notre situation de quarantaine et plus particulièrement de la mésaventure de cette femme. Il se tourne alors vers le Synthétique.
Je viens donc à vous en mission presqu’officielle, l’Imperator m’a chargé de savoir si vous pouviez lui en dire plus sur l’état psychique de sa congénère et si celle-ci est, elle-même, une télépathe ?
Tout en disant ces mots, Esnesuyo espérait qu’il ne se ferait pas de nouveau prendre de haut comme l’a fait presque toutes les personnes rencontrées ici.

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Victor analysa le profil du nouveau venu de la même manière qu'il l'avait fait depuis le début pour chaque autre personne croisée. Le cerveau positronique du Synthétique traita les données reçue via les différents périphériques pour les emmagasiner. L'homme affirmait avoir eu contact avec l'Imperator en personne. Chose incongrue s'il en était, mais pas impossible. D'ailleurs, le Sapiens ne montrait aucun signe corporel de l'expression du mensonge, et pourtant Victor savait les détecter. Il salua le Sapiens et s'adressa à lui sur le ton neutre qui le caractérisait.
« Merci de votre confiance, Esnesuyo d'Hermeus. Je suis Victor. Pour ce qui est de la santé de notre jeune "patiente", je ne peux que vous dire qu'elle est vivante. Je ne sais pas quand elle se réveillera, si tant est qu'elle se réveille un jour. Ni si son état est dû davantage aux ondes psychiques qu'au manque d'oxygène, ou aux deux tout autant.
Pour la dernière question... Difficile de répondre là encore. Le nombre d'occurrence du don télépathique chez les Evolutios est plus élevé que chez les autres espèces du type humain. Mais rien ne permet d'en être certain.
Je ne suis pas un robot-médecin, et il n'est pas dans mes capacités de soigner cette femme pour la ramener à la conscience. À moins de trouver quelqu'un qui puisse le faire, le temps sera notre seul remède. Je ne peux qu'évaluer ses constantes vitales, qui sont stables maintenant.

En revanche, à en juger par ses vêtements, elle fait partie d'une classe moyenne. Des vêtements pour se sentir à l'aise, plus pratiques qu'esthétiques... Une commerçante, ou une marchande, je dirais. Mais il m'est arrivé de me tromper.
»
Victor restait prudent, mais son sens de l'Observation, affûté par 600 ans d'existence, lui faisait rarement défaut. Afin de s'assurer de la santé de la femme, il s'agenouilla près d'elle et l'examina. Son pouls était régulier et bien marqué. Sa respiration était lente et tranquille. Sa température corporelle semblait être normale. Victor ouvrit délicatement les paupières d'un des yeux clos. Il marqua un temps d'arrêt, puis retira sa main.
« Voilà qui est intéressant. Ses iris sont blancs. Et il semblerait que ses yeux ne réagissent pas aux stimuli lumineux. Cela signifie soit que son cerveau est endommagé gravement... soit qu'elle est aveugle. C'est tout ce que je peux dire. »

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Des jours s'étaient écoulés depuis la mise en quarantaine. Des années, ils avaient l'impression. Et pourtant ils étaient restés prêts à suivre les ordres vociférés par les quartiers maîtres des couloirs de navigation. Parfois, un citoyen s'indignait et entrait dans une rixe avec un officier. Aussitôt, tout le monde accourait pour lyncher l'un ou l'autre des adversaires, selon que l'on était civil ou militaire.

Et un beau jour, c'eut put être un bon matin sur Armars, les digues se levèrent. On laissa passer les civils dans les hangars, on les laissa accéder à leurs vaisseaux, et tout était terminé. La zone de quarantaine avait été levée aussi brusquement qu'elle avait été instaurée. Les vaisseaux quittèrent peu à peu le Curuzader, qui finit par n'être qu'un misérable glaive dans l'immensité spatiale.

A la surface de Jivihia, les traces du bombardement avaient disparues depuis longtemps. Comment rien ne s'était jamais passé ces derniers mois. Les travailleurs retournèrent à leurs occupations, les dignitaires s'affairèrent, les touristes se reposèrent.

Tout reprit son cours habituel.

Tout, sauf nos aventuriers, qui, pour d'étranges raisons, se retrouvèrent à nouveau embarqué dans une histoire sans queue ni tête. On les avait repéré depuis les quais, et l'on avait remarqué leur façon de s'afficher face aux autres. Il y avait parmi eux un Sapiens, que l'on disait Confrère, du nom d'Esnesuyo. Un robot, que l'on savait savant, du nom de Victor. Un étranger, que l'on devinait être impérial, au nom d'Isaac Johnson. Et enfin une charmante femme, dont l'identité restait encore inconnue.

On les avait convié, tous les quatre, autour d'une table d'honneur. Repas divin. Boissons à volonté. Tout ce qui aurait put plaire à n'importe qui. Ils n'attendaient plus que leur hôte, qui ne tarda pas à se montrer.

- Veuillez m'excusez pour le retard !

Une femme.

Sur la Piste des Cendres - Page 2 Hote10

Sa voix timide et cristalline jura avec la sobriété du décor. Dans une pièce aux dimensions aussi grandes qu'absurdes, à l'atmosphère sombre et peu rassurante, elle apparaissait telle une ancienne prophétesse, aux doux traits raffinés dont ni l'âme ni la beauté n'en disparurent. Un joyaux de lumière à la fragilité si perceptible qu'un simple souffle en briserait sa posture. Elle vint s'installer à une dizaine de mètre de la petite assemblée, et se pencha légèrement en avant, en signe de salut.

Lorsqu'elle releva la tête, une expression mélancolique vint effleurer les perles bleutés qui lui servaient d'yeux. Son regard se posa dans celui d'Isaac Johnson. Peut-être y voyait-elle un amant perdu. Peut-être y voyait-elle la mort. Sa tristesse aurait pu y voir les deux.

- J'espère que l'on ne vous a pas effrayé sur le chemin. J'ai dit à Rascor de ne pas vous brutaliser, il a l'habitude de faire peur aux gens. Oh ! Ce n'est pas un bougre, c'est un gentil prima. Il est juste... un tantinet grincheux.

Rascor, le gorillien qui avait attrapé les convives par deux mouvements de poigne, chacune des deux mains portant un invité différent. Il ne leur avait pas vraiment laissé le choix, les pauvres... Maintenant qu'ils étaient face à un si bon repas, et une si charmante personne, ils ne pouvaient pas fuir. Pas après ce que l'inconnue leur dirait. Pour cela, il leur fallait d'abord écouter :

- On m'appelle Jivena Dejivelune. Ma famille a longtemps fait partie des pionniers de cette orbitale, avant la guerre. Depuis, j'ai espoir de voir briller le nom des miens sous les portiques magistraux des palais d'Octonia. Mais... Je ne me donne pas de faux espoirs. Mon grand-père m'a toujours dit qu'il ne fallait jamais en avoir.

Si je vous ai fais venir ici - et encore, pardonnez la rudesse de Rascor je vous en conjure - c'est que j'ai appris ce qu'il s'était déroulé sur le Curuzader. Et puis...


Son regard se figea sur le visage d'Esnesuyo, non sans cacher une pointe de joie, d'émerveillement, une excitation à peine palpable, eu égard des balbutiements de soubresauts que sa poitrine effectuait, au rythme d'une respiration accélérée par un rythme cardiaque ravivé. Et tout cela en un regard, quel exploit. Quel désir freudien se cachait sous cette innocence pure. Une évolienne, à n'en pas douter. Ou du moins, elle s'en rapprochait beaucoup trop pour n'en pas être une. Et cetet attirance pour un sapiens ? Les évolués n'étaient peut-être pas tous antisapiénites...

- J'ai entendu sur les ondes votre voix, sapiens. Vous avez tenu tête à l'Imperator. Je n'avais jamais vu cela de toute ma vie, et ne croyais pas que cela me serait donné un jour. Un sapiens se révolter contre un évolien. Un confrère contre un impérial, qui plus est le plus petit des uns face au plus éminent des autres.

Quel courage me cachez-vous là ?!


L'avait-elle crié ? Elle l'avait crié. Drôle de façon de s'exprimer, comme si le voile de sa pureté l'empêchait d'exprimer sa pensée profonde, et que la jouissance de l'évoquer lui suffisait à se mouiller d'honnêteté. Ou peut-être trouvait-elle cela amusant, et s'en riait de bon cœur. A vrai dire, personne ne pouvait le dire, car personne ne savait ni qui elle était, ni ce qu'elle voulait, ni même où, diablerie de bon dieu, ils se trouvaient. Ils étaient donc là, forcés d'écouter les fantasmes inavoués d'une adolescente de plusieurs dizaines d'années.

- Je vous admire, tous les quatre. Et plus encore, je vous...

- C'est maintenant, madame ? Beuglait poliement Rascor, derrière elle.

- Non, mon brave. Encore un peu... dit-elle, la tête penchée vers le bas, sur le côté, un œil sur son domestique, un autre sur les invités. Puis, revenant à la cérémonie, elle poursuivit : Je dois cesser de m'étaler. C'est ce qu'essais de me faire comprendre ce Rascor. Car, vous voyez, Rascor est bon. Rascor est intelligent. Et Rascor sait quand cela doit prendre fin.

Pour aujourd'hui, ma fin est venue. Je m'en vais rejoindre... Vous savez qui.


Cette fois ci, ses yeux se postèrent sur Esoan. Femme contre femme. Pureté face à la pureté. L'ignorance devant l'innocence. La beauté offerte à ceux qui se jugeraient assez savant pour discuter des notions abstraites des goûts humains, et à ceux qui trouveront la peine de trouver le temps d'en parler. Mais la tonalité avait changée. Cette fois-ci, c'en devenait un peu étrange. Malsain. Presque effrayant. Cette jeunette, elle avait quelque chose d'étrange.

- Et vous allez m'y aider. Vous allez m'aider à rejoindre... Oh non, cela me reprend. Rascor, c'est maintenant ! Je...

- Oui, madame ! Je suis là, madame !

Elle s'effondra. Mais avant même qu'elle put toucher le sol et se briser en milles morceaux sur le quartz sombre des dalles, Rascor, le prima dont la taille dépassait avec aisance les 2 mètres de hauteur, vint la retenir délicatement, l'allongea dans une souplesse incroyable - lui qui avait malmené quatre individus il y a quelques minutes de cela pour les forcer à entrer dans cet hôtel d'Hay Bay aussi luxueux qu'insolite. Il commanda à un domestibot de l'emmener dans sa chambre, ce qu'il fit en déployant sous elle un brancard de synthèse flottant.

Puis, après avoir vérifié que le corps endormi de la jeune femme ait bien traversé la pièce sans encombre, jusqu'à la dernière seconde où il pouvait l'observer, il se tourna vers les invités, qui devaient certainement penser vivre une scène de théâtre tant l'absurdité de toute cette mise en scène était flagrante d'improbabilité. Ce n'est qu'en entendant la voix rocailleuse du prima qu'ils se rendirent compte de la véracité de la situation.

- Vous allez aider madame ? Vous allez l'aider à rejoindre son Père ?

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La quarantaine sur le Curuzader n'était qu'un souvenir, maintenant. Un résidu de données, constituant un fil ténu qui permettrait au système de remonter les événements en temps voulu, fait d'informations compressées, factorisées, classées et archivées par le cerveau positronique. Les Hommes avaient mis une éternité à comprendre comment fonctionnait leur propre mémoire, mais il leur avait fallu bien moins longtemps pour inventer celle des Robots. Ironie, cette mémoire-artefact se trouvait être bien moins faillible et bien plus fiable que la mémoire humaine.



Accès mémoire
... ...


> Situation : Quarantaine à bord du Curuzader
> > Attaque des Jivihiens. Bombardement.

> Rencontre de nouveaux êtres

Accès fichiers souvenirs – Section sociale
... ...


> Garde Impérial
Nom : Inconnu
Prénom : Inconnu
Race : Meillor (morphologie compatible)
Signalement : Environ 30 ans (selon standards de race). 1m87 ; 90 kg (mesures estimées). Châtain, yeux marron. Armure Impériale moyenne. Armement classique.

> Gradé Impérial
Nom : Inconnu
Prénom : Inconnu
Race : Meillor (morphologie compatible)
Signalement : 30 à 40 ans (selon standards de race). 1m82 ; 85 kg (mesures estimées). Brun, yeux bleus. Armure Impériale légère. Galons de Lieutenant.

> Femme évanouie
Nom : Inconnu
Prénom : Inconnu
Race : Evolutio (morphologie compatible)
Signalement : 20 à 30 (selon standards de race). 1m98 ; 67,800 kg (mesures constatées). Blonde, yeux clairs (cécité présumée).
Observations : Sauvée de l'asphyxie. Inconsciente.

> Ingénieur
Nom : Johnson
Prénom : Isaac
Race : Meillor (morphologie compatible)
Signalement : Environ 30 ans (selon standards de race). 1m85 ; 80 kg (mesures estimées). Brun, yeux verts. Tenue d'Ingénieur.

> Confrère
Nom : Inconnu
Prénom : Esnesuyo
Race : Sapiens (morphologie compatible)
Monde d'origine : Hermeus
Signalement : Environ 20 ans (selon standards de race). 1m80 ; 60 kg (mesures estimées). Blond, yeux bleus.
Observation : En contact avec l'Imperator


C'était ce que Victor avait répertorié des quelques êtres qu'il avait croisé dans cette brève aventure. Du moins ceux avec qui il avait eu un contact direct. D'autres visages étaient enregistrés dans des fichiers minuscules, ce qui lui permettrait de les reconnaître s'il les revoyait. Une sorte de programme physionomiste, mais qui se serait que temporaire. D'ici quelques semaines, son système aurait le tri et supprimé ces informations jugées inutiles.

Dans la mémoire synthétique du Robot apparaissait aussi un résumé des événements. Sous quelle forme, n'importe quel programmeur pourrait vous l'expliquer. Bien loin de la complexité de la mémoire d'un être vivant, celle d'un Synthétique n'est que l'enregistrement de données. Certes, cet enregistrement est constitué d'images, de données telles que des sensations – si tant est qu'on puisse parler de sensations pour les Robots – c'est à dire des informations relevées par les divers capteurs... Mais toutes ces données sont conservées sous forme de langage informatique, ce qui en fait des fichiers comme des myriades d'autres à travers le Système. Victor pourrait sans aucun problème partager ses souvenirs avec des Organiques, s'il se branchait sur un terminal. Tous pourraient alors voir ce dont il se rappelle de la quarantaine à bord du Curuzader, et pourraient s'émerveiller devant la précision et la structure de ces souvenirs.

Il se rappelait, par exemple, à la perfection comment ils avaient tous décidé de rester à bord du Curuzader, et comment ils avaient été saisis de force par deux êtres à la force surnaturelle pour êtres emmenés à l'intérieur de Hay Bay. Entrés par une porte moins gardée, ils avaient débouché dans un quartier peu avenant. On les avait fait entrer dans une navette, de ces petits véhicules flottants qui desservaient les rues de la station. Après un court trajet, le décor avait changé. On était passé d'un quartier visiblement pauvre et résidentiel, peuplé des "ouvrières" de cette fourmilière de métal et de verre, à un autre bien différent. Les façades des blocs étaient aussi propres et luxueuses que les précédentes étaient sales et miteuses. L'éclairage lui-même était différent.
La navette stoppa devant un hôtel, et les quatre passagers furent débarqués sans ménagement pour y être emmenés.

On les conduisit à une salle gigantesque, bien trop pour seulement quatre personnes. Une table y était dressée, chargée de victuailles de nature à convenir à n'importe quel Organique. 4-Echo, lui, n'avait nul besoins nutritifs. Il s'installa néanmoins à table avec les autres convives, mais ne participa au repas que par sa présence. Il se contenta de se nourrir des conversations, emmagasinant toute information utile ou complémentaire à ses fichiers. Mais rien de très nouveau, en somme, les discussions tournant principalement autour la quarantaine, qu'il avait lui-même vécue de l'intérieur, et de la raison inconnue de leur présence ici.

Une jeune femme fit son entrée, flanquée d'un garde, que Victor identifia comme l'un de ceux qui les avaient "invités" à ce repas. Silencieux, Victor écouta ce que la femme avait à dire, mais n'en restait pas inactif pour autant. Il dressait encore et toujours ses fiches sur ceux qu'il rencontrait.[/i]


Accès fichiers souvenirs – Section sociale
... ...
> Femme
Nom : Dejivelune
Prénom : Jivena
Race : Evolutio (morphologie compatible)
Signalement : Environ 30 ans (selon standards de race). 2m05 ; 75 kg (mesures estimées). Blonde, yeux bleus. Curieux vêtements blancs à connotation religieuse. Comportement étrange.

> Garde de Jivena Dejivelune
Nom : Inconnu
Prénom : Rascor
Race : Prima (morphologie compatible) ; Gorillinien
Signalement : 30 à 40 ans (selon standards de race). 1m75 ; 200 kg (mesures estimées). Robe noire, yeux marrons. Armure moyenne de garde.
Observations : Force colossale. Ennemi redoutable. Intelligence faible. Loyal.

Tout ce travail interne pourrait paraître fastidieux et rébarbatif aux yeux d'un Organique, mais ça ne l'était pas plus pour Victor que pour un Sapiens de se souvenir de deux ou trois personnes. Simplement, la mémoire artificielle d'un Robot ne fonctionnait pas de la même manière. Au demeurant, en rapport avec l'utilité que pourraient avoir ces informations, l'effort était dérisoire.

Victor 4-Echo restait donc muré dans son silence, les données faisant leur petit bonhomme de chemin dans les méandres de son système. Il ne parlerait que lorsqu'on lui adresserait la parole.
Il était à craindre que ce ne fut pas dans l'immédiat, puisqu'après avoir parlé à Esnesu d'Hermeus et à la jeune femme aux yeux voilés, Jiviane Dejivelune sombra dans une sorte de convulsion inerte, comme un évanouissement, dont la chute fut amortie avec douceur par le Prima. Le grand quadrumane la déposa sur le sol froid et demanda un DomestiBot. Jiviane Dejivelune fut emmenée vers sa chambre, et Rascor le Gorillinien se tourna vers l'assemblée pour s'adresser à eux de sa voix profonde.

Vous allez aider madame ? Vous allez l'aider à rejoindre son Père ?
Voilà qui était bien mystérieux. Victor se demander quel était ce père que la femme voulait rejoindre. N'était-il plus ici ? Vivait-il désormais sur une autre planète ? Difficile de le deviner avec si peu de renseignements. Mais Victor n'ouvrit pas la bouche. Il semblait qu'on ne s'intéressât pas à lui, aussi il n'avait pas de raison de faire intrusion dans la discussion. Sauf si on le sollicitait, évidemment.

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    Esoan s'était réveillée petit à petit. Ce qu'elle avait subit sous le dôme l'avait marquée, énormément, autant physiquement – ses jambes tremblotantes en témoignaient encore -, que psychiquement. Elle avait été touchée par quelque chose, et le grésillement qui avait envahi son esprit résonnait encore comme un lointain écho. Elle avait découvert les hommes qui l'entouraient, et le robot. Ils se présentèrent tour à tour, et Esoan essaya d'assimiler les informations apportées à son esprit, malgré le mal qu'elle avait à se remettre en route.

    Petit à petit les barrages furent levés, et ils auraient pu se séparer et repartir chacun de son côté. Mais non. Sans doute qu'ils avaient été remarqués par les évènements passés. Il faut avouer qu'entre elle, tombée dans les pommes sous le dôme brisé, à la merci de son destin, le robot qui l'avait sauvée, le Sapiens qui avait décidé de montrer tout ça, et l'impérial qui était resté avec eux, ils ne passaient pas vraiment inaperçus.

    Il avait alors été emmenés, pour être installés autour d'une table. Bien évidemment, la jeune femme ne pouvait pas voir la couleur de la nappe, ou tous les mets qui y étaient présent. Elle ne pouvait pas non plus saisir les expressions de ses comparses. Elle était isolée dans son monde de lumière blanche. Mais ses autres sens prenaient leur place. Les effluves des plats apportés envahissaient ses narines, chaque bouchée prenait une dimension supplémentaire. Elle suivait plusieurs conversations en même temps, tout en les ponctuant d'interventions intelligentes.

    Et pourtant, elle se posait la question suivante : pourquoi eux ? Pourquoi ici ? Et pour quoi faire ?

    La voix légère et frêle atteignit ses oreilles, et elle se tourna presque immédiatement vers elle. Une femme, qu'elle ne connaissait pas. En même temps, elle ne connaissait pas grand monde, ce n'était donc pas vraiment étonnant. Elle sentait les autres aussi perplexe qu'elle, à l'exception de Victor. Son cas était particulier. Il n'existait pour elle que lorsqu'il parlait. Autrement, il ne dégageait pas de chaleur, ne pensait pas de la même manière qu'eux, et n'apparaissait donc pas dans son champ visuel télépathique.

    Avec elle, un être plus... Primitif. Elle se rappelait l'avoir déjà croisé, lui, lorsqu'il les avait amenés de force autour de cette table. Mais elle ne lui en tenait pas rigueur. Le moment était finalement agréable, et elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devait avoir ses raisons pour avoir été aussi dur avec eux. Suite à cela, la Dame se présenta, et même si Esoan ne captait pas tout ce qu'elle disait, elle l'écoutait avec attention. Chacun de ses mots pouvait renfermer une énigme, quelque chose de capital.

    Vinrent les paroles qu'elle adressait directement à l'aveugle. Bien sûr elle ne pouvait pas savoir que la belle avait posé ses yeux sur elle, mais elle se sentait transpercée. Les mots étaient étranges, énigmatiques, mais Esoan semblait les comprendre. Enfin quelque chose au fond d'elle. Elle n'aurait pas su les expliquer aux autres, mais ils la touchaient...

    Et puis soudain, elle perdait la connexion. Les bruits autour d'elle l'alertèrent, et elle compris que la jeune femme s'était effondrée.

    Le Gorillien se tourna vers elle, et lui demanda à nouveau si il allait l'aider. Elle ne comprenais pas vraiment ce qu'ils attendaient d'elle, ce qu'elle devait faire, et qui était ce fameux Père... Elle qui n'avait pas encore parlé, sans doute encore choquée par ce qui lui était arrivé, se décida à ouvrir la bouche...

    - Je... Vous avoue que je ne sais pas trop ce que vous attendez de moi. Mais je l'aiderai autant que je le pourrais...

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Dans un grognement nasal, le souffle de Rascor vint accompagner le soulèvement de ses narines. Ses immenses lèvres de gorillien se pincèrent en une moue dubitative. La situation était cocasse, les grands héros s'avéraient être dotés d'autant de défauts que de qualités que l'on souhaitait leur donner. Non pas qu'ils manquaient de vertus, mais le fondement même de leurs personnalité était basé sur un caractère déstabilisant. Un synthétique, un gamin, une aveugle et un homme aussi silencieux que la pierre. Rascor haussa les épaules avant de bomber son torse et invita les convives à poursuivre le repas.

Il se posta à deux mètres de la table et croisa les bras dans son dos, ce qui eut comme effet de gonfler encore plus ses pectoraux bestiaux, lui conférant alors une véritable stature de montagne vivante. Ses yeux d'un jais sombre fixaient uns à uns les protagonistes. Il émit un léger soupire avant de poursuivre.

- Bien. Bien. C'est clair, madame n'est pas de ce monde. Madame vous a remarqué, elle a vu en vous. Elle a lu en vous. C'est ce que madame fait. Elle me dit qu'elle ne le fait pas avec moi. Qu'elle ne le peut pas. Qu'elle le fait avec les gens comme... Il toisa Esoan du regard, et sa voix grave poursuivit, solennellement : Vous.

Il sortit de sa poche un petit appareil qui ressemblait à une télécommande tactile, et tapota quelques touches sur l'écran qui paraissait beaucoup trop petit pour ses doigts de géant. D'ailleurs, à en juger par sa dextérité de frappe et l'expérience digitale que chacun pouvait se faire avec la technologie tactile, il était flagrant de voir que l'énergumène, malgré ses airs champêtres et son dialecte quelque peu simplet, possédait les compétences nécessaire pour vivre dans un monde technologique.

A vrai dire, il en était de même pour quasi tous les primas, des êtres que l'on pourrait juger inférieurs, mais dont on devinerait un masque de soumission. Comme un savant qui se ferrait passer pour un idiot pour ne pas léser un entourage beaucoup trop vaniteux pour accepter l'infériorité. Car telle était la vie de ces êtres ; soumis à une existence de servitude. Existence qu'ils ne détestaient pas, pour la plupart d'entre eux, bien au contraire. Pour un primas, devenir majordome d'une maison impériale était la consécration d'une vie.

- Madame m'a dit que vous aviez le choix. Rascor croit que vous ne l'avez pas. Car si vous pensez partir et tout oublier, Rascor peut vous dire que du mal vous sera fait. Vous avez beaucoup fait bouger les choses. Beaucoup trop au goût de Rascor.

Un siège sortit alors du sol et vint cueillir le domestique. Il s'assit confortablement sur ce qui semblait être une coquille d’œuf redécoupée afin de permettre à un humanoïde de s'y installer confortablement, et poursuivit :
- Madame vient de Jivihia. C'est là bas que nous commencerons notre travail. Mais comme vous le savez bien, la lune est inatteignable. Il faudra ruser. Rascor sait ruser. Bon ?

Sans que personne ne sache si Rascor parlait du repas ou des indications vagues qu'il venait de donner, il souleva les sourcils coquettement - si tant est que l'on pouvait qualifier ce geste maniéré d’élégance, sur son faciès prononcé, l'effet avait plutôt l'air inquiétant - puis attendit une réponse, n'importe laquelle, bonne ou mauvaise. Espérons, pour les convives, pas trop mauvaise.

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Victor continuait d'assister à la conversation en cours sans s'en mêler. Rien ne le concernait réellement dans tout cela. Il n'avait fait que ce pour quoi sa programmation initiale l'avait conditionné, par le biais des Lois. En prenant parfois des détours ou des raccourcis, mais peu importait, ce qui était à retenir, la seule chose qui méritait d'être notée, c'était qu'il avait sauvée la jeune femme Evolutio aveugle.

D'ailleurs, il semblait que cette analyse qui était la sienne était partiellement partagée par les personnes présentes, puisque personne ne s'adressait à lui en particulier. Pourtant, il ne perdait pas un mot de ce qui se disait. Petit à petit, les données emmagasinées se mettaient à jour.

Qui était au juste cette Jivena Dejivelune ? Pas tellement d'informations disponible, pour le moment, à part son nom, son signalement et ce singulier malaise dont elle fut victime. Et ce Père qu'elle avait mentionné.
Mais voilà que le Gorillinien semblait enclin à discuter un peu. Finalement, peut-être leur en apprendrait-il un peu.

Il avait l'air d'en vouloir à la petite assemblée, qui aurait fait changer des choses, trop au goût du simien. Et que s'ils refusaient d'aider, ils seraient sous le coup de mauvais traitements, ce qui pouvait être aussi désagréable pour les Organiques que pour le Synthétique. Contrairement aux croyances populaires, il existait maintes façons de faire souffrir un Robot. Mais il s'agissait d'une souffrance différente de l'influx nerveux émis par les cellules organiques.

Victor attendit que Rascor en ait terminé, sur un ton d'interrogation, pour risquer d'ouvrir la bouche.

« Je ne puis parler au nom de tous, mais pour ma part, je ne vois pas d'inconvénient à aider Jivena Dejivelune. Mais si le nom de Jivihia n'évoque pour moi qu'une destination peu commune, ça n'est certainement pas la même chose pour mes compagnons. Il désigna de la main la femme Evolutio. Cette dame, comme vous le savez certainement, a subi les désagréments d'une vague télépathique jivihienne, et cela alors que nous étions encore loin de Jivihia elle-même. Si certains sont plus sensibles, je peux dire sans risque d'erreur qu'aucun de ces personnes organiques ici ne supporteraient de s'approcher de Jivihia, en particulier cette dame, qui apparaît plus sensible que les autres.

Donc, comme je le disais, je ne peux parler qu'en mon nom. J'aiderai Jivena Dejivelune avec plaisir, n'étant pas de nature à souffrir de ces vagues télépathiques. Mais comment comptez-vous garantir la sécurité des Organiques ? Dès que cette question aura trouvé sa réponse, je pense que nous serons tous en mesure d'accepter ou non. Et les menaces à peine voilées que vous proférez ne sont d'aucune utilité : pourquoi violenter qui refuserait d'aider, quand sa vie même serait mise en danger par cette aide qu'il apporterait tout de même ?
 »
Victor termina et resta immobile et silencieux, dans l'attente de sa réponse. Il se doutait que son discours était sans doute trop élaboré pour un Prima, espèce .dont l'intelligence avait prouvé ses limites. Mais c'était intentionnel. Déstabilisé, Rascor pourrait dévoiler plus de choses qu'il ne le voulait. Et plus ils en sauraient, mieux cela serait, pour tout le monde.

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Le simia se rétracta et fit une moue dubitative tout en se balançant sur siège. Il était peu courant qu'un primas s'installa à la table des convives, et comme personne n'avait bronché, il se dit que les invités n'étaient certainement pas à cheval sur les règles et les codes de la société moderne, aristocratique et nobiliaire. Aussi, il ne voulait pas non plus pousser les choses trop loin et se résigna à attraper un fruit sur la table pour le manger, et posa son regard sur Victor qui lui déblatérait des mots tous aussi compliqués les uns que les autres.

Mais si Rascor ne saisissait pas le tiers de ce qui lui était dit, Rascor était assez intelligent pour comprendre l'idée générale de ce que Victor tentait de lui parler. Les deux créations de l'homme s'observèrent un moment, dans une lutte singulière opposant le primitif au savant, l'organique au synthétique. Les yeux de Rascor étaient plongés dans une mélancolie particulièrement dérangeante. Nul ne pouvait dire si le singe allait pleurer à chaudes larmes dans les instants qui suivirent ou s'il se dresserait sur ses membres inférieurs et assommerait toute l'assemblée dans un mouvement de colère et de rage.

- Jivihia, la lune. Vous n'y êtes jamais allé. Vous ne pouvez pas savoir. Rascor sait, lui. Rascor y est déjà allé. Deux fois, même. L'Empire vous ment, messieurs dames. L'Empire vous ment...

Il se leva et se dirigea vers une porte située au fond de la salle. Plus il avançait, moins la lumière éclairait sa masse impressionnante de chaire et de muscles, enrobés dans des vêtements beaucoup trop riches pour que l'on puisse y croire. Lorsqu'il arriva devant la porte, il y avait un fin rayon de lumière, assez épais pour dévoiler sa silhouette sombre dans le contraste de l'obscurité. De là où ils étaient, on aurait dit que le gorilien affichait un large sourire. Ou peut-être n'était-ce que la morphologie faciale de son espère.

- Je vais vous montrer vos chambres à présent. Demain, une longue journée vous attend. Madame vous attendra ici même dès les premières lueurs de l'aube. Elle vous en dira plus. Madame a toujours su mieux expliquer que Rascor.

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Après quelques jours de mise en quarantaine, celle-ci fût  enfin supprimée et tous les malheureux qui s’étaient retrouvés bloqué sur Hay Bay purent enfin quitter la station et vaquer à leurs occupations.

Esnesuyo s’apprêta à reprendre sa route lorsqu’un gigantesque Prima s’avança vers lui et les autres personnes avec qui, il avait échangé quelques mots. Le Gorillien était l’homme de main d’une personne souhaitant avoir une entrevue avec le petit groupe, le Prima les avait « invité » à le suivre en les agrippant fermement jusqu’à l’entrée d’un magnifique hôtel ; ils furent ensuite diriger vers une immense salle où une table remplie de nombreux plats les attendaient. L’odeur des repas fumants fit perdre la tête au jeune homme et oubliant les bonnes manières, il se lança au devant d’un plat et y trempa le bout d’un doigt. Au moment où il l’amena à sa bouche, il vit le regard réprobateur du grand Prima et cessa de suite son geste puis attendit impatiemment l’arrivée de l’hôte.

Ce dernier ne fût pas long à arriver. Cependant, cet hôte était… une femme et encore plus surprenant, elle était à peine plus âgée qu’Esnesuyo, celle-ci devait être l’enfant d’un riche homme pour pouvoir habiter dans cette bâtisse et inviter de parfaits inconnus autour d’autant plats raffinés. Après s’être présentée, elle regarda ses invités un à un puis arrivée à lui, elle lui avoua son admiration pour sa prise de parole contre l’Imperator. Pauvre naïve, si seulement elle savait …  Il avait réussi à prendre la parole car il avait la certitude qu’aucun Impérial, influent soit-il, ne tenterait aucune action fâcheuse contre lui en vue de tout l’Univers et surtout en vue de la Confrérie.

La jeune femme commença à enfin dévoiler la raison de leur venue en parlant de leur utilité dans un étrange voyage vers une personne qu’elle se devait de faire mais avant qu’elle ne pût en dire plus, un soudain malaise la prit et elle s’effondra. Son domestique l’attrapa de justesse puis vérifiant qu’elle était entre de bonnes mains, celui-ci se mit à continuer le récit de Jivena.

La personne qu’elle devait rejoindre n’était autre que son père. Rascor avoua qu’il se trouvait sur Jivihia.Mais… la lune n’avait-elle pas subi de nombreux dégâts quelques jours auparavant ? Le voyage de Jivena l’amènerait peut-être seulement à découvrir la mort de son parent. Et puis, pourquoi y aller alors qu’Esnesuyo savait très bien qu’il n’avait pas les capacités psychiques pour se protéger des attaques des habitants de cet astre. Il commença à penser que ce voyage n’était pas fait pour lui mais quand le Prima avoua qu’il y était allé lui-même deux fois, le Sapiens se recentra sur les paroles du Prima : l’Empire mentait. Le jeune homme pensa à ce que pourrait apporter de telles informations (et celles qu’ajouterait la jeune femme à son réveil) au sein de la Confrérie.

-Rascor… Je serai du voyage. Quels que soient les dangers, je vous aiderai du mieux que je puisse. Il se mit à suivre le Gorillien.

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