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descriptionSur la Piste des Cendres (II) EmptySur la Piste des Cendres (II)

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Jivihia
Sur la Piste des Cendres (II) Jivihi10


Jivihia avait toujours été bannie dans l'esprit des hommes. Non pas pour sa stérilité, mais pour le peuple qui dominait sa surface et ses souterrains. Rares étaient ceux qui pouvaient se vanter n'avoir vu un jivihien en vrai, et moins encore pouvaient se targuer d'avoir l'esprit sain après une telle rencontre. Les explorateurs de l'ancien temps définissent les jivihiens comme un peuple refermé sur lui même, soumis aux conditions climatiques instables de l'astre lunaire et à la composition toxique de l'atmosphère.

Le port de gel respiratoire était nécessaire si l'on voulait vivre plus de cinq minutes sur cet astre. L'air que l'on y respire, à certains endroits, n'est que poussière empoisonnée. Les longues colonnes de roche lunaire s'effritaient à mesure que les vents solaires venaient les caresser. C'est comme si le temps s'était arrêté sur ce monde. La végétation était éparse, mourante. Les signes de vie, balbutiants. Qui pourrait croire qu'il serait possible de peupler un tel monde ?

L'aéronef de Dejivelune avait décollée de la station Hay Bay en toute tranquillité et s'était dirigée vers un point non surveillé du transit spatial. Elle avait détourner le blocus avec une simplicité déconcertante, comme si le pilote, Rascor, connaissait le passage pour se rendre en territoire ennemi. L'équipage, formé des quatre aventuriers ainsi que des hôtes, était aussi silencieux que le vide de l'espace. Les regards se tournaient vers le sol. Parfois, à travers un hublot, on pouvait apercevoir quelques étoiles, aussitôt masquées par des nuages de poussière stellaire.

Le vaisseau se posa dans l'ombre d'un cratère, dans un silence macabre. Long de plusieurs dizaines de mètres, il pouvait accueillir une vingtaine de personne. Mais il n'était pas nécessaire d'avoir autant de monde pour une telle mission. Ils gobèrent une capsule de gel spatial qui se répandit à travers leur métabolisme aussi rapidement et s'évacua par les pores de leur peau, leur offrant une protection contre l'aridité glaciale de Jivihia. Esoan Ilenco sentit les douces mains chaleureuses de Jivelune se poser sur ses avant bras. Dans le silence, toujours, elle l'accompagna vers la sortie.

La fragilité de Dejivelune pouvait se sentir dans les effleurements de peau. Toutes deux étaient faites du même défaut, elles pouvaient le sentir. Isaac Johnson préféra rester à l'intérieur de l'aéronef afin de surveiller les arrières. Le robot et le sapiens devancèrent Rascor, qui ne cessait de les regarder avec une méchanceté discernable. Il semblait ne pas faire confiance en eux, ou leur réserver un tout autre dessein que celui pour lequel ils étaient venus.

- Autrefois, ce monde était aussi peuplé que nos mondes. On y allait et venait. On y cueillait des fruits. Cultivait des plantations. Aujourd'hui, ce n'est plus que cendres et misère. Cela fait des mois que je ne suis pas revenue. Ma mère, lorsqu'elle était encore en vie, m'y emmenait souvent...

Toujours en poursuivant sa marche, accompagnant Esoan, elle émit un léger sourire de nostalgie. Rascor était de plus en plus tendu. Il tenait fermement un fusil dans ses mains, et le pointait tantôt aux cimes des falaises escarpées, tantôt dans les recoins des crevasses fissurées. Il observait l'environnement tel un chasseur. Cette attitude dégageait un certain paradoxe, lorsque l'on voyait le calme avec lequel avançait Jivena.

- Ce monde se meurt, chers amis. Il se meurt tout autant que la foi de l'humanité en lui même disparait. Nos ancêtres n'avaient pas comprit le réel danger des institutions lorsqu'ils les adoptèrent. Nous...

Elle se retint. Peut-être ne voulait-elle pas entrer dans un monologue idéologique, et éviter d'endormir ses compagnons avant même d'arriver à bon port. Au lieu de finir sa phrase, elle en poursuivit une deuxième, dont le sens était tout aussi différent, même qui semblait être cohérent avec l'ensemble :
- Nous sommes bientôt arrivés.

descriptionSur la Piste des Cendres (II) EmptyRe: Sur la Piste des Cendres (II)

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[justify]
Le calme régnait dans la navette qui avait mené la petite compagnie depuis Hay Bay. Tous semblaient plongés dans des pensées intangibles pour les autres. Victor lui-même se tenait debout devant l'une des épaisses vitres de composé minéral dont était constituées les baies de l'appareil. Il observait l'espace en affectant un air détaché. C'était le moins qu'il puisse faire, étant en état de semi-veille. Cela lui permettait d'économiser son énergie tout en maintenant assez de capteurs en fonction pour réagir en un temps-réponse insignifiant.

Son cerveau positronique captait les informations relayées par ces capteurs. Jivihia était juste en dessous, tandis que le ciel était toujours d'un noir d'encre, où l'on pouvait distinguer les points lumineux des étoiles. Les fonctions de localisations du Synthétique eurent vite fait de repérer les astres les plus caractéristiques, les identifiant par leurs traits distinctifs. Distance, masse estimée, type spectral, luminosité... En procédant de la sorte, 4-Echo put recouper les informations et en déduire la position de la lune qu'ils survolaient. Cela correspondait à l'orbite connue de Jivihia.

La descente s'amorçait. Il était temps de procéder aux dernières mises à jour des fichiers, avant de débarquer. Il y aurait foule de données à engranger une fois sur la lune, et il valait mieux avoir un système en ordre. Les yeux de Victor se figèrent, vitreux, pendant une bonne minute. Puis, le robot cligna des yeux quelques fois. Il était de nouveau actif. Tout était en ordre. Il jeta un dernier regard par la vitre. La surface de Jivihia avait perdu de sa rotondité et le ciel s'était éclaircit. Ils avaient pénétré l'atmosphère. Victor, toujours impassible, se dirigea vers le sas de l'appareil. Ils n'allaient pas tarder à se poser, et il découvrirait cet endroit, dont il avait entendu et lu tellement de choses, mais qu'il n'avait jamais vu. Pas même en six-cent trois années de fonctionnement.






Accès Mémoire
... ...

> Préparation en vue de nouvelles entrées

Accès Fichiers Connaissances – Section spatiale
... ...


> Nouvelle entrée
>> Nouveau planétoïde
>>> Type : Lune
>>> Nom (Répertoire Stellaire) : CRX-267 B + 768 995
>>> Nom (commun) : Jihivia

>>> Position poly-triangulée sur nombreuses données.
>>> Orbitale Tewanne – Cadran Tewan – Coordonnées ply-triangulées
>>>> Ajout sur la carte galactique interne
... ...[/b]

> Caractéristiques principales (évaluées)
>> Rayon équatorial : 2587,4 U.
>> Rayon polaire : 2585,96 U.
>> Périmètre équatorial : 16 246,36 U.
>> Masse (estimée) :
>> Gravité de surface :
>> Inclinaison de l'axe :

> Composition de l'atmosphère (mesurée)
>> Diazote : 67,9%
>> Dioxygène : 12,6%
>> Dihydrogène : 0,14%
>> Argon : 0,86%
>> Dioxyde de carbone : 7,08%
>> Hélium : 0,046%
>> Krypton : 0,000045%
>> Xénon : 0,00004%
>> Néon : 0,00003%
>> Radon : 0,0000001%
>> Méthane : 4,78%
>> Dioxyde d'azote : 4,23%
>> Ozone : 2,36%
>> Traces d'autres substances : soufre, ammoniac, acide
>> Présence de vapeur d'eau

>>> Atmosphère de classe 3
>>> Respirable pour les organismes cellulaires silicone-base
>>> Irrespirable pour les organismes cellulaires carbone-base (sauf dispositif spécifique)

[b]Intégration des données existantes
... ...
Ajout des fichiers archives... ...
Ajout des fichiers historiques... ...
Ajout des fichiers culturels... ...
Mise à jour de l'indexation... ...
Sauvegarde


C'est de cette manière que l'organisme synthétique de Victor fit pour la première fois connaissance avec Jivihia. Cet endroit qu'il n'avait jamais vu, et donc jamais analysé, tous ses capteurs en détaillaient chaque molécule, chaque détail, répertoriant tout avec une rigueur à faire pâlir le plus grand maniaque de la galaxie. Tout ce qu'il savait de ce monde, il l'avait lu ou entendu, mais sans réelle expérience de l'environnement, ç'avait été juste bon à classer dans les légendes, avec les léviathans cynthériens et les monstres hideux des montagnes de Varuna. Cette fois, il pouvait étudier la réalité, sans avoir à se baser sur des conjectures, des écrits trop anciens pour être datés, ou des ragots de contrebandiers vantards.

Alors que la petite équipe progressait à pied, suivant Dejivelune, Victor restait silencieux. Il n'avait pas eu besoin de se soumettre à l'administration du gel respiratoire, ce qui lui avait valu un regard noir et un retroussement de narines de la part de Rascor. Le Synthétique pouvait sentir l'animosité que lui portait le Prima, dans les vibrations caractéristiques de sa voix lorsqu'il s'adressait à lui – en de rares occasions – ou à d'autres signes, indécelables pour un organique, mais que lui captait parfaitement bien.

Ce que Dejivelune leur racontait du passé était cohérent avec ce que Victor pouvait en savoir. Jihivia n'avait pas toujours été comme ils pouvaient la voir maintenant, et le planétoïde était clairement en train de mourir. Ce qui signifiait que toute forme vivante aurait bientôt quitté sa surface, et qu'il deviendrait un caillou stérile et froid. Un astéroïde fantomatique en orbite.

Alors que le robot observait partout autour de lui, tout ce qu'il pouvait, engrangeait autant de données que le lui permettait son puissant cerveau, aussi vite que possible, leur guide leur signala leur arrivée imminente. Où les conduisait-elle ? Allaient-ils rencontrer ce
Père qu'elle avait mentionné, lors de leur première rencontre, sur Hay Bay ?

descriptionSur la Piste des Cendres (II) EmptyRe: Sur la Piste des Cendres (II)

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Le groupe se scinda rapidement en deux. En tête, Rascor, le gorillien, le regard affûté, attentif au moindre danger. Derrière lui, Victor, le robot, la machine, lui aussi une création de l'homme, lui aussi l'esprit tourné vers l'environnement, mais d'une autre manière. D'une manière plus relationnel. Ensuite, Esnesuyo, le jeune sapiens originaire d'Hermeus, le monde de la chaleur, des lumières et des Hysts. Enfin, côte à côte, les deux demoiselles, qui marchaient à pas cadencé, en rythme.

Rascor jetait des regards derrière lui de temps en temps, comme pour vérifier que rien n'avait changé, que rien n'avait été fait à sa protégée. Mais surtout, et cela se remarquait à mesure que les kilomètres étaient parcourus, il se retournait pour regarder Victor, la machine, la création parfaite de l'être humain. Pas comme lui, qui n'était qu'une évolution génétique. Une évolution qui cherchait la reconnaissance. De son regard cuivré s'échappait l'once d'une jalousie. Il reniflait la haine. Il sentait le désire de détruire. Pourrait-il seulement se retenir ?

Bien entendu, ce n'était plus un animal... Du moins, plus vraiment.

- Alors ! C'est bon, tu as bien analysé Rascor, le robot ? Tu sais tout de lui et de son derrière ? Ce doit être amusant de calculer à longueur de journée. Mais Rascor n'aime pas ça, calculer. C'est pour les faibles. C'est pour les idiots. Rascor sait que la force brute seule peut être utile.

Et comme pour accompagner sa phrase d'un geste, il se retourna brusquement, feintant de s'attaquer au robot, alors qu'il n'y avait dans cette action que l'optique de l'effrayer. Un geste brusque, cependant, concis et vif comme l'éclair. Un geste menaçant, taquin sur les bords, voire même puéril. Les yeux écarquillés, les narines gonflées, la bouche formant un "o" d'effroi. Et le tout accompagné d'un cri de sauvage presque dément.

- Ah ! Tu as eut peur, hein ? Machine ! Tu ne peux pas avoir peur. Rascor non plus n'a pas peur, alors tache de ne pas te mettre sur mon chemin, petit tas de métal. Bah !

Derrière, on pouvait facilement discerner Dejivelune, les bras accompagnant toujours Esoan sur le sentier de sable gris, émettre un léger soupire, comme consternée, même gênée, par les agissements de son garde du corps. Il est vrai que ce dernier se laissait quelque fois aller dans des envolées aussi lyriques que pitoyables. Mais Rascor était bon au fond de lui, et elle le savait. Elle espérait juste que le robot, en retour, ne fasse rien de fou contre le singe. Car entre les deux, et cela 'intriguait, elle ne savait pas lequelpouvait l'emporter sur l'autre en cas de rixe.

- Encore une petite heure, et nous serons bientôt arrivés. Dit-elle à l'attention d'Esoan, pour la rassurer, tout en parlant suffisamment fort pour que le sapiens entende également. Si nous avons atterri plus loin que notre destination, c'est pour ne pas effrayer les habitants de Jivihia. Lorsqu'ils se sentent menacés, comme c'était le cas hier, ils réagissent de manière étrange et hostile. Vous en avez fait les frais, ma dame, je le crains...

descriptionSur la Piste des Cendres (II) EmptyRe: Sur la Piste des Cendres (II)

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Bien entendu qu'il avait tout analysé. Quelle question ! Mais contrairement à ce que le Gorillien pouvait penser, Victor n'y voyait rien d'amusant. Utile, à n'en pas douter, mais pas divertissant. D'ailleurs, 4-Echo, s'il pouvait comprendre ces notions, ne ressentait pas l'ennui ou l'amusement. Il pouvait comprendre ce qu'était le rire, et même comprenait-il l'humour dans ses mécanismes et ce qui faisait rire les Organiques, même s'il était incapable lui-même de rire. Car le rire n'étant qu'un comportement réflexe mettant en œuvre le diaphragme, le larynx et les cordes vocales. Or, les Synthétiques, bien qu'extérieurement très proches des Organiques, ne possèdent rien de tout cela. Pas de diaphragme, puisqu'ils ne respirent pas, et pas de cordes vocales, leur voix étant produite par un inducteur sonore, qui peut leur servir à parler donc, mais aussi à imiter à la perfection d'autres voix que la leur, d'en changer, ou même de produire des sons divers si parfaits qu'on s'y méprendrait. Ce que disait Rascor, donc, ne pouvait être vrai. Victor ne s'amusait pas de sa faculté d'analyse.

Pourtant, Rascor, lui, semblait y croire dur comme fer, et cela avait l'air de l'agacer. Il parlait d'une voix empreinte d'agressivité, et avait un comportement ostensiblement dominant. Sans doute qu'il serait un adversaire redoutable, en cas d'affrontement. Mais si les Primas – et en particulier les Gorilliens – avaient une grande force, c'était aussi le cas des Robots. Le vainqueur d'un éventuel combat entre eux était difficile à évaluer, même pour Victor, qui s'il connaissait sa propre force ignorait tout de celle de Rascor. Seul un combat lui donnerait les données nécessaires pour le déterminer.

Le Prima joua de ses atouts de bête pour tenter d'intimider Victor. Là encore, le Synthétique connaît ces mots. Peur, crainte, danger... Mais seulement du vocabulaire, qui ne lui évoque que des réactions nerveuses et hormonales qu'il ne peut ressentir. Tout au plus pouvait-il se baser sur des détails, comme la température corporelle de Rascor, ses expressions faciales, ses gestes, la dilatation de ses pupilles, ces veines qui palpitaient à ses tempes, témoins de son pouls et de sa pression sanguine élevés, pour évaluer sa réelle volonter de passer à l'action.

Ne voulant pas provoquer d'inutiles querelles, Victor essaya simplement de désamorcer l'animosité de Rascor.

« Je comprends ce que vous dites, Rascor. Mais mes capacités n'ont rien d'amusant, pour moi. Tout au plus sont-elles un outils. Voyez cela comme... un ordinateur de bord pour un navigateur. D'ailleurs, cela pourrait vous servir, à vous aussi. On ne peut pas savoir quand, ni comment, mais il se pourrait que vous me trouviez utile. Vous verrez... »

En tant que Synthétique, Victor avait une approche très analyste de son environnement, presque froide aux yeux des Organiques. Mais il ne faisait qu'avec ce qu'il avait, au fond. Il n'était rien qu'une machine, perfectionnée à l'extrême et au physique identique à un Organique, mais une machine en définitive. L'ironie de la chose, c'était que malgré ce dédain dont il était parfois victime, il avait souvent l'occasion de démontrer l'utilité de ses capacités. Tout ce que 4-Echo espérait, c'était que le cas se présenterait cette fois.

Comme annoncé par la maîtresse de Rascor, ils marchèrent ainsi une bonne heure avant de voir un signe de vie. Victor en profita pour enrichir considérablement son stock de données. Peut-être aurait-il la chance de voir des Jivihiens, ces êtres aux pouvoirs étranges dont il avait tant entendu parler – en mal, il fallait bien le reconnaître – mais dont il ne savait rien. Dejivelune, elle, semblait les connaître, et assurait qu'ils ne seraient pas agressifs si on ne se montrait pas menaçant.

Le Synthétique ne put s'empêcher, à cette pensée, de jeter un œil furtif à Rascor. Si celui-ci n'était pas menaçant, c'était bien le Diable...

descriptionSur la Piste des Cendres (II) EmptyRe: Sur la Piste des Cendres (II)

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L’Argonaute III entre en orbite autour de Jivihia, la lune de Terra.

Dans le carré d’observation qui communique avec le poste de commandement du vaisseau, Electra S'Treidès d'Alteryan examine attentivement les holo-projections.
L’observation visuelle est assortie de nombreuses données fournies par les capteurs dont est équipé le vaisseau d’exploration scientifique.

Matt Ram’s, son assistant demande

- Des éléments nouveaux Madame ?

- Non, je viens de comparer avec les données précédentes. Comme cela était prévisible, il n’y a aucune évolution significative. Mais nous allons procéder à des recherches plus approfondies sur le terrain.

- Bien madame.

Le respect de l’évolien à son égard semble naturel à la scientifique. Son appartenance à l’aristocratie d’Alteryan et son statut de membre du Conseil du Cercle lui confère une autorité indiscutable.

- Si le Directoire Impérial, lui-même, nous a missionné pour établir une étude de faisabilité de terraformage de cette planète, nous devons approfondir bien au-delà des relevés que nos drones en orbite autour de Terra nous envoient régulièrement. Et contrôler tous les éléments de mon étude qui remonte à quelques années déjà est une absolue nécessité.

Electra avait été acceptée comme membre du Conseil du Cercle sur la base d’un  projet, « la réhabilitation de Terra », l’aboutissement d’un travail scientifique de quatre années. Cette étude permettait essentiellement de démontrer sa compétence en écogénèse mais elle ne se leurrait pas sur son accomplissement final car la mise en œuvre d’un tel chantier serait longue, coûteuse et, surtout, ne servirait nullement les intérêts de l’Empire.

- Commencer par son unique satellite naturel me semble une bonne démarche méthodologique. N’est-ce pas votre avis ?

Matt est parfaitement conscient que la question d’Electra relève essentiellement de la pure courtoisie, vertu que la jeune femme observe avec rigueur. L’assistant sait que s’il devait contredire sa patronne, il devrait y mettre des formes et argumenter avec diplomatie…

- Madame, un autre vaisseau est stationné sur la surface de Jivihia. Il ne semble pas avoir donné de code d'autorisation d'alunissage d'après les relevés dronaires. Nous allons essayer de prendre contact.

Le commandant Stellone suit la procédure. Il n’est pas inquiet : son vaisseau est faiblement armé mais ses boucliers sont efficaces et sa vitesse de manœuvre l’autorise à des esquives rapides. De plus, mandaté par le directoire, il possède les codes de prise en main de certains des drones qui assurent le blocus de Terra et ces drones sont particulièrement puissants.

- Tenez moi au courant Commandant, nous ne descendrons sur cette lune que si notre exploration est parfaitement sûre. Dans le cas contraire nous irons directement sur Terra.

Comme à son habitude, Electra se montre circonspecte, voire physiquement craintive, contrairement à Matt qui rêve d’aventures épiques.

- Bip, bip… Ici l’Argonaute III, vaisseau d’exploration scientifique de la flotte Impériale de Marz, veuillez vous identifier… vous vous trouvez à proximité de la zone de blocus de Terra… je répète…

descriptionSur la Piste des Cendres (II) EmptyRe: Sur la Piste des Cendres (II)

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Sur les cendres lunaires, le gorillien avait ouvert la marche. Il ne pouvait se douter l'espace d'un instant qu'à des milliers de kilomètres au dessus de sa tête, un navire scientifique effectuait des calculs savants sur sa position. Le Prima reçu la transmission directement depuis son brassard électronique, un bijou de technologie qui le liait de façon permanente au poste de pilotage de son vaisseau. Il pouvait même en prendre le contrôle et le piloter à distance.

Dejivelune se mit à paniquer, cela se sentit dans ses yeux. Un brouillard intense s'empara de ses iris et son cœur se mit à palpiter de plus belle. La présence d'un vaisseau scientifique de l'Empire signifiait tout ce qu'il y avait d eplus mauvais. Ils avaient foulé le sol interdit dans la plus grande des illégalité. Pire encore, ils avaient pénétré une zone considérée comme le dernier bastion de l'hérésie civilisationnelle. En des lieux de pouvoirs, cet acte était vu non pas comme une trahison, mais un crime de guerre, une déclaration de haine contre l'humanité et les instances sacrés de la science véritable.

Les sourcils levés, elle observa la réaction de Rascor, craintive. Elle ne voulait pas être arrêtée en si bon chemin. Ils venaient de rencontrer les êtres les plus improbables de l'univers, réunis dans un ensemble plus que surnaturel, et n'allait pas laisser passer une occasion de renforcer les liens qu'elle possédait avec celui qu'elle appelait père. Le prima eut pour seule réaction d'acquiescer, dans un regard confiant et serein. Il porta son brassard à ses lèvres de géant, appuya sur un interrupteur, et établit une communication à courte portée avec le vaisseau impérial en orbite.

- Ici Rascor, propriétaire du Yeshu'ah. Je... J'ai eu un petit soucis avec mes moteurs, il a fallut que je traverse la zone du blocus par nécessité de survie. Mes rétro-propulseurs ont été vrillés par un rayon de solarium, et ça a coupé mes circuits d'urgence ainsi que ma balise de détresse.

L'emploi de mots compliqués rendis son dialecte très enfantin, comme un ivrogne qui cherchait à se faire comprendre. Il articulait chaque phrase avec la plus grande des concentration, autant que pouvait en fournir un gorillien, c'est à dire très peu. Mais il devait faire preuve d'un réalisme des plus sérieux. Et c'est d'ailleurs cette misérable tentative de paraître professionnel qui aurait pu lui coûter la duperie. Or, un prima dans l'espace, ce n'était pas chose rare. Et il était courant de les entendre parler en termes mécaniques. Certains en riaient par mesquinerie, quand d'autres admiraient cela.

- Je suis avec des amis, on est parti à la recherche d'un bâtiment ou d'une trace de civilisation. Il y avec nous des membres de l'Empire, une citoyenne de Cyntheros - elle est vénusienne, je crois - et... Et un...

Rascor posa les yeux sur le sapiens, Esnesuyo. Il risqua l'espace de quelques secondes de dévoiler sa présence. Annoncer à un vaisseau impérial qu'un Hyst était membre de son équipage, c'était un peu comme dire à un troupeau de mouton qu'on avait le loup comme meilleur ami. Autant dire qu'il fallait éviter ce genre de situation et faire passer l'homo sapiens comme un simple habitant d'un monde reculé. Plus improbable, mais moins risqué. Dejivelune écarquilla les yeux et, avant que Rascor ne fasse une gaffe, se rua sur son communicateur, abandonnant Esoan, qu'elle avait tenue jusque là, à la solitude du désert.

- Et un domestique homo sapiens ! Je suis dame Dejivelune, une Bayienne de renom. Mes ancêtres possédaient un ensemble d’hôtels et de gîtes pour voyageurs sur la station. Nous... nous allons nous en sortir ! Ne vous faites pas de soucis pour nous !

Elle émit un rire nerveux, presque hystérique. A vrai dire, son rire puait le mensonge à pleine nez. Peut-être eut-il mieux valu laisser Rascor s'occuper de la chose. A croire qu'entre la bêtise d’une brute et la maladresse d'une innocente, il y avait une montagne de différence. Nul doute, d'ailleurs, que si le prima s'était habitué à la gestuelle des comédiens, il aurait frappé son front si fort de sa main qu'il s'en serait assommé. Mais il se contenta de regarder sa maîtresse, sagement, avec la bonté dans ses yeux. Preuve de sa loyauté ; quoiqu'elle fasse, fusse-cela une erreur, il la suivrait sans un doute.

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